La pandémie de Covid-19 a bouleversé le marché du fret intercontinental. Dans un premier temps, c’est la Chine qui a vu sa chaîne logistique à l’arrêt car au premier trimestre 2020, le virus était encore mal connu. Les ports chinois étaient presque totalement à l’arrêt. Ensuite, c’est l’offre de conteneurs qui s’est réduite à cause des soucis d’approvisionnement en Chine, et des usines fermées.
Tout cela a créé une pénurie de conteneurs à transporter de l’Asie à l’Europe pendant le premier semestre 2020, et à l’heure où nous écrivons ces lignes, le trafic mondial subit toujours les conséquences de ce déséquilibre Asie-Europe.
Quatrième trimestre 2020 très réussi
Conséquence logique de ce déséquilibre entre l’offre et la demande de conteneurs, les prix du fret ont explosé. Le tarif du fret pour importer un conteneur Chine-France a été multiplié par quatre. La demande a explosé au second semestre en raison de la relance économique, et des marchandises qui n’avaient pas été transportées au premier semestre. Les armateurs, comme le groupe CMA-CGM, n’ont par ailleurs pas provoqué un “choc d’offre” en mettant à disposition des porte-conteneurs supplémentaires, ce qui a engendré naturellement une flambée des prix.
Ainsi, le groupe CMA-CGM a réalisé pas moins de 29% de son chiffre d’affaires 2020 sur le seul quatrième trimestre 2020. Le chiffre d’affaires annuel 2020 est donc en hausse de 3,9% par rapport à l’année 2019. Le groupe clôture l’année avec un bénéfice de 1,755 milliard d’euros, dont 900 millions ont été alloués au désendettement du groupe. En comparaison, l’armateur français avait terminé 2019 sur un déficit de 229 millions d’euros pour l’exercice 2019. Il faut dire que le rachat du logisticien CEVA et son intégration au groupe avait pas mal pesé sur les comptes.
Les prix du fret ne baissent pas
A l’heure où nous écrivons ces lignes, le prix du fret maritime ne baisse qu’à la marge. Les tarifs restent très élevés et aucun indicateur n’incite à penser le contraire. Ces tarifs élevés du transport maritime favorisent l’activité de la CMA-CGM qui, en parallèle de ses bons résultats, s’est engagé dans sa transition écologique avec des navires motorisés au Gaz Naturel Liquéfié.
La seule ombre au tableau, c’est les incidents liés au secteur du fret maritime dans son ensemble. Le début de l’année 2021 est marqué par le blocage par un accident du canal de Suez et par une préoccupation croissante des Etats autour des conteneurs qui chutent dans l’océan lors des traversées houleuses. La course au gigantisme des navires les rend de plus en plus vulnérables face à ce type d’événements. Pour rappel, la CMA-CGM s’est équipée de 5 conteneurs géants en 2020 (23.000 EVP) et elle devrait en mettre pas moins de 13 à flot en 2021.
Nicolas Sekkaki, vice-président exécutif du domaine digital et transformation pour la CMA CGM
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