Il s’agit d’un rapport d’information à l’Assemblée Nationale, comme il en est produit plusieurs dizaines par an. Mais celui-ci résonne particulièrement pour les personnes attachées à la métropole. En effet, le rapport d’information numéro 3 356 s’attache à proposer un projet de requalification de l’étang de Berre.
Partant de la réalité de cet étang, les députés qui ont co-écrit le rapport ont cherché à dessiner un avenir à cette zone souvent oubliée de la métropole Aix-Marseille-Provence, marquée par l’industrie polluante et qui véhicule auprès du public une image péjorative.
Un rapport qui mise sur le local
La grande force de ce rapport est l’union des trois députés de la zone géographique au-delà de leurs identités politiques respectives. En effet, Pierre Dharéville, député PCF de Martigues, et Eric Diard, député Les Républicains de la côte bleue, ont présidé le rapport. Jean-Marc Zulesi, député La République En Marche de Salon-de-Provence et du nord de l’Etang de Berre en est le rapporteur.
Ce rapport identifie la pollution d’origine industrielle comme la cause principale de la situation actuelle de l’étang de Berre. La disparition de la faune et de la flore endémiques de la zone serait aujourd’hui surtout liée à la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas. Cette usine de production d’électricité fonctionne à partir des eaux de la Durance, qui une fois traitées sont rejetées en partie dans l’étang (le canal EDF se divise en deux au niveau de Mallemort, une branche rejoint la Durance quand l’autre rejoint l’étang).
Et ce facteur est un vrai souci écologique, car l’étang de Berre est naturellement salée. Or les rejets de la Durance apportent de l’eau douce dans un milieu salé, ce qui dérègle durablement la zone.
A lire aussi
Les habitants invités à proposer leurs idées
pour la réhabilitation de l’Etang de Berre
Le retour de la pêche
Ces rejets d’eau douce ne sont pas nouveaux. Suite à un contentieux européen, ils sont progressivement abaissés pour que le milieu écologique retrouve une certaine qualité. C’est globalement un succès : les poissons et les moules sont de plus en plus nombreux au sein de l’étang et la qualité de l’eau a permis un retour de la pêche dans la zone.
Depuis 2018, la culture de moules est autorisée, ce qui peut être une activité intéressante tant économiquement qu’écologiquement puisque les moules permettent de fixer les nutriments. Par ailleurs, le nombre de bateaux de pêche professionnelle recensés dans l’étang de Berre est passé d’une trentaine en 2005 à 65 en 2018. C’est une des principales pistes du rapport pour dynamiser ce bassin de vie.
Les députés plaident pour un développement massif pour la conchyliculture (culture de coquillages) qui pourrait générer plusieurs milliers d’emplois, à l’instar de l’étang de Thau.
Une réhabilitation à penser sur le long terme
La réhabilitation de l’étang de Berre doit être, selon les députés, pensée sur le long terme. Plusieurs échéances arrivent et doivent être saisies comme autant d’occasions d’améliorer la qualité de l’eau : le Congrès mondial sur la nature, attendu à Marseille cette année, les Jeux Olympiques de 2024, l’année 2027 qui correspond à l’échéance de la directive cadre sur l’eau. A cette date, toutes les surfaces aquatiques doivent être dans un bon état écologique.
Enfin, la volonté des élus locaux (le marie de Martigues, Gaby Charroux en tête) de classer l’étang de Berre au patrimoine mondial de l’UNESCO constitue une occasion supplémentaire de réhabiliter cet espace naturel. Mais, beaucoup d’inconnues comme l’ampleur du réchauffement climatique ou le devenir des sites industriels existants rendent l’avenir de l’étang de Berre difficilement dessinable.
La question des algues vertes
Enfin, la présence d’algues vertes en quantité importante dans l’étang de Berre (liée aux rejets d’eaux douces et aux produits phytosanitaires déversés dans les parcelles agricoles jouxtant l’étang) peut être vue comme une opportunité.
En effet, il existe en Bretagne (région de France la plus touchée par les algues vertes) une filière de valorisation de cette algue. Il existe déjà un projet au stade de prototype à Port-Saint-Louis-du-Rhône, soutenu par Total et la BPI. C’est la société Eranova qui souhaite produire à partir de ces algues des plastiques biosourcés.
En parallèle pour agir sur la formation future de ces algues, il est important d’encourager les agriculteurs locaux à passer en agriculture biologique, pour réduire les produits phytosanitaires et donc les éléments propices à la formation des algues vertes.