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Denis Liotta : « Il y a 20 ans, on avait le temps d’échouer car on avait le temps de se relever »

Entrepreneur, mécène et investisseur, Denis Liotta veut changer le monde. Il se confie à Provence Business et livre un regard à la fois ambitieux sur le développement de notre territoire et critique sur la nécessité de prendre en compte l’accélération du temps qui, parfois, échappe à l’entrepreneur.

Provence Business : Bonjour, vous êtes une personnalité à multiples casquettes de notre territoire, parlez-nous de votre parcours ?

Pour savoir où l’on va il faut savoir d’où on vient. Je ne vais pas revenir à mes grands-parents qui fuient l’Italie, mon père qui travaille dans les huileries, mais c’est ce qui explique que je suis très attaché à Marseille. Entre temps, j’ai d’abord ouvert un magasin d’intégrateur informatique, j’ai rejoint mon frère qui travaillait pour Mediaco et on s’est s’associé.

Aujourd’hui Mediacovrac c’est 100 millions de CA autour de trois activités. De la logistique portuaire sur les ports de Marseille et Sète, nous sommes devenus le leader mondial de l’huile de pépin de raisin, et nous assurons aussi la logistique. On fait construire des entrepôts que l’on occupe ou que l’on loue : nous avons 60 000 m2 et nous en faisons construire encore 70 000 m2 dont 24 000 m2 arrivent au mois de décembre au Havre. Nous venons aussi de racheter une entreprise de transit pour assurer le service complet en logistique.

Pour vous, c’est quoi la réussite ?

Aujourd’hui, on parle de réussite lorsque l’on voit les start-ups lever des fonds. Pour moi, c’est une certaine réussite mais la vraie réussite reste de s’épanouir dans ce que l’on fait. Aujourd’hui, on ne parle plus de patron, on parle de leader. Je suis là pour tirer vers le haut. L’image du patron est pour moi un dictateur, il faut être dans le collaboratif même s’il y a certaines limites, être accessible et écouter les autres. Notre siècle est extraordinaire nous visons de profonds changements même dans les modes de pensées.

Qu’est ce qui unit toutes vos vocations ?

D’avoir la liberté de faire ce que l’on veut, de choisir, d’assumer ses idées. Qu’on soit mécène, investisseur ou entrepreneur, le point commun c’est la liberté. Le deuxième point c’est l’impact que j’ai grâce à ces activités. L’entrepreneur crée de la valeur et de la richesse. Quand on est mécène ou investisseur on a un impact direct sur les gens et sur l’économie. C’est pour ça que j’ai rejoint Marseille Innovation, pour changer le monde.

Comment voulez-vous le changer ce monde ?

Je vais créer une fondation sur Marseille pour ensuite oeuvrer également ailleurs. Marseille est le point de départ de beaucoup de choses et notamment de la Méditerranée. Si je vais plus loin, ça serait sur l’enfance et l’adolescence, oeuvrer autour de l’innovation qui soit au service de l’enfance et de l’adolescence. C’est pour 2020.

Toutes ces activités, représentent un challenge , celui de réussir à ma façon, d’avoir un impact positif. mais il y a tellement de sujets. C’est compliqué, car on a envie de s’attaquer à toutes les injustices , mais l’enfantce et l’adolescence sont à la fois le début et surtout l’avenir.

Comment envisagez-vous le continent africain ?

Depuis 20 ans, j’ai toujours entendu que le continent africain était le nouvel eldorado. Il y a des choses à faire car il y a d’énormes potentiels, on ne peut pas nier la richesse des gens qui sont là bas. Mais, dans ce continent toutes les nations sont jeunes et il faut leur laisser le temps d’apprendre.

On va leur demander, en très peu de temps de s’emparer de la révolution industrielle, avec un climat qui change et d’oeuvrer aussi pour plus de démocratie ? Oui, c’est l’avenir mais pas immédiat, laissons les grandir, apprendre et essayer. Donc investir là bas est un challenge, oui, mais c’est aussi un risque.

Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs ?

Entreprendre c’est croire en ses rêves, mais le monde va de plus en plus vite. Quand on a commencé, il y a 24 ans, on avait le temps d’échouer, car on avait le temps de se relever. Aujourd’hui, il faut être accompagné pour mieux éviter les pièges et ne pas perdre de temps.

En temps que président de Marseille Innovation, quelles sont vos priorités ?

Continuer à faire en sorte que que cet outil soit aussi performant pour aider les entreprises innovantes. Notre processus d’industrialisation est d’avoir de plus en plus d’experts et de m2 pour développer cet outil en dehors de Marseille, sur Aix-en-Provence et le terrioire de la Provence notamment. Il faut faire savoir qu’on a ce savoir-faire en termes d’impact pour le territoire et l’économie.

Le lecteur d’Orwell que vous êtes entrevoit-il dans l’évolution de notre société le passage de la fiction à la réalité de 1984 ?

Ce que j’aime dans la science fiction et que l’on retrouve dans les startuppeurs, c’est la créativité d’aujourd’hui. Tous ces scenarii des années 1970 nourrissent nos startuppeurs et leur donnent des idées de création. Orwell prend un prisme extrême pour nous dire de faire attention aux dérives possibles, à la dictature et à la surveillance ultra-connectée. Pareil pour les animaux ou le climat et l’environnement : si l’on va trop loin, ça va se retourner contre nous. Ça permet à la fois d’être créatif mais de garder un esprit critique.

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