Rémi Capeau est conseiller municipal délégué au quartier d’Aix-La-Duranne. Il nous parle du virage de La Duranne en terme d’immobilier et d’infrastructures, mais aussi du visage que prendra la quartier prochainement. Entretien
Bonjour, Rémi Capeau. Pouvez-vous revenir sur votre parcours pour nos lecteurs ?
Bonjour, je suis un adopté d’Aix-en-Provence… Je suis né dans les quartiers Nord de Marseille, entre la Maurelette et les Aygalades. A mes 18 ans, j’ai commencé mes études à Aix, j’ai fait du droit puis l’IMPGT. Le maire d’Aix m’a repéré. J’ai d’abord intégré son cabinet en tant que collaborateur politique. J’ai habité à La Duranne, je me suis investi dans beaucoup d’associations, le comité des fêtes, les associations de reconstitutions historiques. Puis madame le Maire m’a donné ma chance. Elle ne m’a pas nommé pour rien, j’avais des encrages et des engagements. De manière anecdotique, lorsque j’ai rencontré madame le Maire je lui ai dit : « Je n’ai pas d’argent, je suis issu d’une famille modeste, je n’ai pas de parti, de réseaux ». Ce à quoi elle m’a répondu : « Mais tu crois que quand je suis arrivée sur Aix pour mes études, j’étais quoi ? ». Elle a les valeurs de la méritocratie et de l’ascenseur social.
Vous êtes conseiller municipal de la ville d’Aix-en-Provence entre autres délégué au quartier d’Aix-La Duranne, quels sont les projets structurants pour ce quartier ?
La Duranne a pris un véritable tournant. On le voit surtout dans les constructions. Alors qu’auparavant le choix se portait sur des maisons au style plutôt impersonnel, aujourd’hui on a opéré un virage, on revient à la construction provençale. On remet des tuiles, des couleurs ocres pour créer une identité provençale. On est une région très attractive, donc lorsque que quelqu’un qui avait un appartement dans la banlieue parisienne souhaite venir à Aix-en-Provence, il n’a pas envie de retrouver le même type d’appartement.
La Duranne a 30 ans. Elle a été construite à l’envers, on a d’abord créé de l’habitat collectif avant de créer le coeur de ville. C’est la dernière phase de travaux entamés, le projet du Coteau qui va structurer la partie basse et haute de La Duranne avec ses commerces, sa place et son église d’une centaine de places. La volonté est de créer des points de repère et de rassemblement, un peu comme les Allées Provençales bis, tout piétonnisé mais avec beaucoup d’arbres, de fontaines, d’ilots de verdure pour casser cette chaleur.
Avec les cinq promoteurs du projet du Coteau nous avons une entente cordiale, même s’il n’y a rien de formel nous échangeons pour diversifier les commerces de proximité, qu’il n’y ait pas de doublon. Le projet doit voir le jour dans le premier trimestre 2023, il sera la concrétisation de l’évolution de la Duranne. On aura ce coeur de village et des commerces. Dans les négociations, ce que l’on le demande, c’est d’être ouvert le soir. Le midi, La Duranne est une fourmilière, on a aujourd’hui 9 200 habitants et on a à peu près 10 000 personnes qui travaillaient aux alentours à 2 kilomètres à vol d’oiseau. Sur les 18 établissements de restauration, le soir il n’y en a que 3 qui sont ouverts. C’est là où l’on veut créer ce lieu de rencontre, ne plus prendre la voiture pour aller en ville, et juste monter sur la place du village.
Cette action rassure aussi les acheteurs, le fait de savoir que la municipalité est derrière en train de rechercher et de faire ce SAV, les gens achètent en connaissance du quartier et de son devenir.
On va construire également un belvédère et nous aurons l’une des vues les plus sensationnelles sur la plaine d’Aix. L’idée est de faire des choses instagrammables. Il y a deux mois, il y a eu un champ à La Duranne qui a été recouvert de coquelicots. Les photos prises et diffusées sur Instagram ont fait venir beaucoup de monde qui voulait les voir. Les réseaux sociaux et les points de vues lorsqu’ils sont mis en valeur amènent du monde, et sortent les touristes des circuits traditionnels. Les réseaux sociaux, tout comme l’aménagement d’un site sont primordiaux aujourd’hui et doivent être pris en compte dans l’aménagement d’un lieu, de nos villes nouvelles.
Le projet phare c’est le projet du Coteau, le coeur de ville avec son arcade piétonne, ses commerces, son église et sa place. La première tranche des travaux est prévue pour 2023. A propos des logements il y a en aura de tous types, pour toutes tranches sociales. Après ça, nous structurons le bas et le haut avec un nouveau complexe sportif avec un immense stade et un complexe multisports avec deux grandes salles. Les associations de la Duranne demandaient un équipement sportif.
Il y a aussi le Coeur Duranne II porté par Nexity et le Village Provençal par Kaufmann & Broad, qui sont de l’habitat de qualité, du résidentiel, du bâtiment à trois étages grand maximum. Et enfin, l’on va réhabiliter une Bastide de la Grande Duranne qui date du XVIème siècle, qui pourrait à termes, mais je n’ai pas encore la réponse, devenir la future mairie annexe de La Duranne.
La Duranne est souvent accusée de faire la part belle au tout-voiture, avez-vous des projets d’infrastructures de transports (BHNS, Tram, Train…) ?
Aujourd’hui 1/3 des habitants de la Duranne travaillent dans le pôle d’activité des Milles, à moins de 4 kilomètres. Mais il faut pas oublier que La Duranne a 30 ans, et Aix-en-Provence 23 siècles. Pour la faisabilité, même si nous avons de la volonté et des projets, on vit dans un pays bourré de normes. La Métropole gère les transports en commun. On nous dit : Construisez et après on fera venir les bus, et vous aurez un nouveau groupe scolaire, ou des structures pour faire du vélo. Ces normes et ce fonctionnement ralentissent les projets.
Oui nous avons un Plan Vélo, qui doit relier d’ici 2025, La Duranne au centre-ville. Un pont enjambera l’autoroute. Le vélo va modifier clairement la physionomie de La Duranne. Pour les transports en commun, le nombre de rotations et de bus a augmenté. La négociation aujourd’hui est en phase de créer une 3ème ligne de bus en provenance du centre-ville. Et le dernier point reste les bus après 20h. Ce qui est difficilement compréhensible pour les administrés. Nous réfléchissons aussi à créer un BHNS ou un tram-train, c’était dans nos promesses de campagne. Les freins restent les fonds. Pour le tram-train, ce n’est pas la priorité des acteurs comme la SNCF par exemple avec la ligne Aix-Rognac.
Ce quartier de la ville d’Aix-en-Provence est amené à devenir un morceau de ville avec des commerces, des logements et des équipements. Où en est-on après l’attribution du projet des 500 logements ?
On est sur du haut standing, du résidentiel avec jardin. Les offres sont complémentaires avec les autres projets. Le projet du Village Provençal attirera une population qui cherche un cadre de vie, de plein pied, à l’entrée de La Duranne, facile d’accès. De jeunes retraités actifs qui souhaitent se faire plaisir.
Vous semblez impliqué dans la prise en compte de l’impact agricole. Pouvez-vous nous en dire plus ? Concrètement le projet d’écoquartier pour La Duranne, quelle va en être la suite ?
Aujourd’hui, nous ne construisons plus de tout sur des terres agricoles à La Duranne. Au contraire, la SEMEPA avec l’accord de la ville souhaite racheter les terrains aux agriculteurs pour les louer à d’autres agriculteurs car on veut garder un écoquartier collé aux champs agricoles qui poussent à la réflexion du bio. Les agriculteurs n’utilisent plus de pesticides depuis 2 ans à La Duranne. Il y a cette idée de sanctuariser nos terres agricoles. C’est une bonne terre. Les gens doivent avoir le sentiment d’être à la campagne. Je m’investis beaucoup sur ce sujet, pour que tout le monde se respecte et que l’on respecte les agriculteurs. On plante également beaucoup pour retrouver une végétation dense.
Quelle place pour les citoyens dans la construction du quartier ?
Les habitants sont consultés. Dès que l’on a changé le PLU par exemple. Il y a eu une fronde par exemple lorsqu’il y avait des logements cubiques et modernes. C’est d’ailleurs pour ça que nous avons voulu changer l’image de La Duranne avec une véritable identité provençale.
Il y a quelques mois, les gens ont demandé un marché, eh bien le marché est revenu. C’est de l’échange permanent. C’est à travers les réseaux sociaux, des échanges au quotidien. L’élu de quartier travaille la proximité et permet de désamorcer les mécontentements. On est dans une phase d’évolution, de construction.
Nos lecteurs sont des investisseurs et entrepreneurs, que souhaiteriez-vous leur dire ?
Venez ! A sa création la Duranne ça devait être 2/3 d’entreprises, 1/3 de particuliers, aujourd’hui c’est l’inverse. Il y a deux sortes d’investisseurs, il y a celui qui va venir sur La Duranne parce qu’il a une entreprise, et un autre qui va souhaiter acheter les murs parce qu’il ne perdra jamais d’argent sur La Duranne. Toutes les personnes qui ont acheté sur La Duranne, en primo accédant ou autre, en 5 ans réalisent une plue value comprise entre 80 et 100 000 euros. Le prix du m² évolue. Pour les entreprises, La Duranne a du m² à offrir dans de l’existant dans des surfaces de 150 à 300 m². On évite aujourd’hui la construction de nouveaux bâtiments.
Investir à La Duranne, c’est investir dans un quartier qui a de l’avenir et qui écoute les évolutions sociétales, c’est une valeur sûre. Quand les gens disent que La Duranne est loin de tout, moi je dis qu’elle est à côté de tout.